Comment
une
idole pré-pharaonique
devient la tête du Sphinx
Léo
DUBAL
dubal (@) archaeometry.org
Résumé:
La
butte-témoin en calcaire dure du plateau de Gizeh,
possible sanctuaire pré-pharaonique,
deviendra lors de la construction des pyramides la
tête du Sphinx.
Ainsi, la butte-témoin conditionna ce paysage
mégalithique.
La plus ancienne photographie des vestiges,
aux traits de Sphinx,
de la butte-témoin sculptée
de Gizeh
est probablement celle d'Armand de Banville,
prise au cours de l'hiver 1863-1864.
Google Earth, l'outil permettant enfin au chercheur l'examen
des monuments archéologiques dans leur contexte
(bien qu'encore sous une seule condition d'éclairage)
nous a incité à cette réouverture de
ce dossier:
Au
21 Décembre, au solstice d'hiver,
à Gizeh, E31.137° / N 29.975°,
le Soleil se lève à 4h 48' UT sous l'azimuth
117°
et illumine la face E-S-E de la butte-témoin.
Au solstice d'été, le 21 juin
à 16h58 UT,
le Soleil se couche, sous l'azimuth 117 + 180 = 297°.
auréolant le Sphinx entre les deux grandes pyramides
comme le témoigne la magnifique photo de Juan Antonio
BELMONTE
prise le 21 juin 2006.
Ce paysage mégalithique
crée le hiéroglyphe
akhet .
Comme
le fait observer Joseph DAVIDOVITS,
(page 67, "La nouvelle histoire des pyramides",
2004),
la tête géante du sphinx a
été taillée dans un piton de calcaire
dur
et gris de la fomation MOKKATAM,
Le reste de son corps fut sculpté, lui, dans la couche
sous-jacente de calcaire tendre.
Depuis une dizaine
d'années, on sait
que plus haut dans la vallée du Nil,
à Nabta Playa, à 100 km à
l'Ouest d'Abou Simbel,
des pierres dressées et menhirs ont
été vénérés
depuis 8000 ans.
Il est donc plausible de supposer
que le piton de Gizeh, situé à
proximité du Nil
ait été vénéré
depuis l'antiquité pré-pharaonique.
Dans
un deuxième temps, à proximité de ce
site cultuel,
Khéops construisit sa pyramide,
elle aussi alignée plein Est.
Nous ne savons pas s'il pu, de son vivant,
initier la construction de la seconde grande pyramide.
afin d'inscrire AKHET sur l'horizon.
Mais ce sera à Khéphren,
celui
à qui l'on attribue cette pyramide
En l'absence de reliefs, la seule solution était de
construire le paysage...!
Heureusement que, comme le rappelle DAVIDOVITS,
le génial IMHOTEP avait déjà
inventé la pierre agglomérée....
Si l'on examine plus en détail la carte-Google de
Gizeh,
il apparaît que
la position relative des pyramides n'a pas été
choisie au hasard.
Cet examen conduit aux constats suivants:
1. Le piton de roche dure de Gizeh, (aux traits
anthropomorphes ?),
a probablement été
vénéré, comme une statue-menhir
géante.
C'est à force de retouches successives,
qu'il devînt une tête du Sphinx
Ce site cultuel aurait préexisté aux
pyramides,
et en aurait même conditionné l'emplacement.
Le corps du Sphinx, taillé, lui, dans de la pierre tendre,
pourait être
d'une facture tardive, voire postérieure
à l'érection des pyramides.
Son ensablement l'a manifestement
protégé de
l'érosion.
2. L'orientation "plein Est" des trois grandes pyramides (ligne
améthyste)
est la même que celle du corps du Sphinx. Sa face guette
lever equinoxial du soileil,
comme le témoigne la magnifique photo de
Juan Antonio BELMONTE
prise le 21 mars 2005
3. L'arrête NE-SO (ligne verte) de la
pyramide de Khéphren
est alignée sur celle de la pyramide de
Khéops.
4. La distance séparant le centre de la pyramide de
Khéphren
de celui de la pyramide de Khéops est telle que, vu du
Sphinx,
le Soleil au Solstice d'été (ligne
rouge supérieure)
se couche entre les deux pyramides.
5. Le hiéroglyphe "akhet" pourrait être une
représentation de
la dyade pyramidale Khéops-Khéphren
et donc contemporain à ce grandiose projet paysagiste.
6. Les coins S-E des trois grandes pyramides
sont alignés (ligne bleue)
7. Le coin S-E de la pyramide de Mykérinos
est,
positionné sur la ligne de l'ombre (ligne rouge
inférieure),
partant du Sphinx, au lever du Soleil au Solstice
d'été,
Etant donné
qu'il n'y a pas d'intervisibilité entre ces deux
points,
la détermination par une visée de l'emplacement
du coin SE de la
3ème pyramide a nécessité un mat
intermédiaire (une sophistication
à la portée, semble-t-il des constructeurs des
pyramides !).
Notons encore que dans cet article, intitulé
"On the Orientations of Ancient Egyptian Temples",
Mosalam SHALTOUT,
Juan Antonio BELMONTE et Magdi FEKRI,
dressent des constats concordants aux notres.
Nous les remercions pour leurs commentaires et critiques.
dernière révision: 202011/01/08/20:36